Le cadre bâti regroupe tout bâtiment principal ou secondaire pouvant abriter des hommes, des animaux ou des objets, de même que les activités qui y sont reliées. Ces activités, qui peuvent être de natures diverses (résidentielle, institutionnelle, religieuse, militaire), ont une influence directe sur le type de bâti, sur son implantation, sur son volume et sur son traitement architectural. Contrairement au cadre naturel, au réseau viaire et au système parcellaire, le cadre bâti est davantage soumis aux transformations.
Les types de bâti peuvent être définis à partir de critères architecturaux tels que la forme du toit, la disposition des ouvertures, le nombre d’étages, l’emplacement de la façade et la forme du plan, mais aussi à partir de l’implantation, du volume et du traitement architectural du bâtiment.
L’implantation est notamment définie par les marges avant, latérales et arrière d’un bâtiment sur sa parcelle ou par rapport aux autres bâtiments formant une grande propriété. Par le fait même, l’implantation d’un bâtiment détermine les espaces qui le séparent des bâtiments voisins, ou non, et qui créent un intervalle entre les façades sur la voie publique.
Le volume est l’illustration des rapports qui sont établis entre l’empreinte au sol, la forme et les différentes hauteurs d’un bâtiment. Ces rapports sont comparables d’un bâtiment à l’autre. Le volume d’un bâtiment peut donc être mis en relation avec celui des bâtiments voisins et avec les proportions de l’espace public, qui prend généralement la forme d’une voie publique.
Le traitement architectural désigne l’habillage d’un bâtiment. Il correspond au parement, à la couverture, aux ouvertures et à l’ornementation. Dans le cas de bâtiments en maçonnerie portante, le parement correspond à la structure. Celle-ci est parfois recouverte d’un parement de pierres ou de briques.
Les caractéristiques du cadre bâti sont principalement en lien avec la valeur architecturale. Elles sont également à mettre en relation avec certains aspects de la valeur historique.
Au début de la colonie, le cadre bâti se développe de manière distincte en haute-ville et en basse-ville. La haute-ville, qui accueille les premières communautés religieuses (fig. 22), voit ainsi plusieurs grandes propriétés institutionnelles s’y établirent, tandis qu’en basse-ville, les premiers bâtiments construits sont des bâtiments résidentiels et commerciaux.
De nos jours, le cadre bâti est plutôt homogène si on le compare à celui de d’autres sites patrimoniaux déclarés, dont celui de Montréal et de Trois-Rivières. Il se compose notamment d’une majorité de bâtiments de type résidentiel tant à la haute-ville qu’à la basse-ville (fig. 22). Le cadre bâti résidentiel forme ce que l’on nomme le bâti de base. Le site patrimonial est composé de plusieurs types de bâtiments résidentiels, qui se rattachent à différentes périodes de son histoire. Il comprend quelques exemples des premiers types de maison, dont la maison coloniale, primaire et surhaussée, datant du XVIIe siècle. Ces bâtiments rappellent l’architecture régionale française. La maison urbaine se distingue de la maison coloniale et caractérise le développement du bâti résidentiel au cours du XVIIe siècle. Elle influence les types résidentiels postérieurs, dont les maisons mitoyennes et la maison en terrasse érigées à partir des années 1820. Une importante concentration d’habitations construite au XIXe siècle particularise le site patrimonial. Enfin, le bâti de base comprend aussi des habitations plurifamiliales à logements superposés et des immeubles à logements. Ils apparaissent au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle et au tournant du XXe siècle.
Le bâti spécialisé du site patrimonial du Vieux-Québec est, pour sa part, plus diversifié que le bâti de base (fig. 22). Il comprend d’abord les bâtiments religieux et institutionnels, tels que le monastère des Ursulines-de-Québec, le monastère des Augustines-de-l’Hôtel-Dieu-de-Québec, le séminaire de Québec et plusieurs lieux de culte situés à travers la ville, dont l’église de Notre-Dame-des-Victoires. Il compte également plusieurs édifices publics et d’affaires, dont l’hôtel de ville, l’ancien palais de justice et les banques, ainsi que quelques bâtiments touristiques et portuaires, tels que le château Frontenac, et les anciens entrepôts de la basse-ville. Enfin, les installations militaires, dont la citadelle, les fortifications et les Nouvelles-Casernes, marquent inévitablement le cadre bâti du site patrimonial. Établi généralement sur des parcelles de plus grandes dimensions, le bâti spécialisé particularise majoritairement les secteurs du promontoire. Il est aussi caractérisé par plusieurs édifices monumentaux qui deviennent des points de repère du site patrimonial du Vieux-Québec.
Le cadre bâti du site patrimonial est parmi les plus anciens du Québec. C’est ainsi que 2% du cadre bâti daterait du XVIIe siècle, 9% du XVIIIe siècle et 43% de la premier moitié du XIXe siècle. Malgré l’ancienneté de leur développement, les autres sites patrimoniaux ont habituellement un cadre bâti datant plutôt de la seconde moitié du XIXe siècle et plus.
Le site patrimonial comprend près d’une cinquantaine d’immeubles patrimoniaux classés (fig. 22), dont quelques édifices institutionnels et religieux, ainsi que plusieurs maisons résidentielles. De plus, il comprend deux sites patrimoniaux classés, soit le site patrimonial de l’Habitation-Samuel-De Champlain et le site patrimonial du Monastère-des-Augustines-de-l’Hôtel-Dieu-de-Québec.
Il importe aussi de souligner que le cadre bâti du site patrimonial a fait l’objet de plusieurs interventions de restauration et de réhabilitation depuis le milieu du XXe siècle. Celles-ci ont façonné le cadre bâti actuel, notamment en mettent l’accent sur le caractère français de certains bâtiments et secteurs, voire en l’accentuant. À ce titre, le chantier du quartier de la place Royale doit être souligné. De la restauration de la maison Jean-Baptiste-Chevalier, à partir de 1957, jusqu’à celle des maisons Smith et Hazeur, dans les années 1990, c’est quatre décennie d’intervention gouvernementale sur le cadre bâti qu’il est possible de découvrir. D’autres grands chantiers ont également marqué l’architecture du Vieux-Québec tel que nous ne connaissons, par exemple la restauration et la réhabilitation du quartier du Petit-Champlain dans les années 1970 et 1980.
La maison coloniale
La maison coloniale d’inspiration française est le plus ancien type de bâtiment résidentiel du site patrimonial. Construite à partir des années 1640, la maison coloniale marque le premier développement urbain de Québec. Il ne subsiste aujourd’hui qu’un seul témoin de la maison coloniale, soit la maison François-Jacquet-dit-Langevin érigée en 1675 sur la rue Saint-Louis. Ce type de bâtiment résidentiel est habituellement caractérisé par un plan rectangulaire comprenant une seule pièce et un seul étage relativement bas, recouvert d’une haute toiture à deux versants parfois munis de lucarnes.
Après l’incendie de la basse-ville en 1682, le type de la maison coloniale subit quelques modifications. Sa superficie au sol est doublée, atteignant alors environ 9,7 m de largeur par 7,8 m de profondeur. Par ailleurs, l’espace intérieur est divisé. L’ajout d’un étage permet l’établissement des activités artisanales et commerciales au rez-de-chaussée, tandis que le deuxième étage est destiné aux activités domestiques. Les combles sont parfois utilisés pour l’entreposage.
Les principales caractéristiques de ce deuxième type de maison coloniale sont :
La maison coloniale postérieure à 1682 est érigée autant en basse-ville qu’en haute-ville. Vers 1690, ces deux secteurs possèdent sensiblement le même nombre d’habitations. Le site patrimonial compte encore aujourd’hui quelques bâtiments datant de la seconde moitié du XVIIe siècle, dont la maison Louis-Jolliet située au coin des rues Sous-le-Fort et Petit-Champlain, et la maison Louis-Fornel située à la place Royale, reconstituée en 1962.
La maison urbaine
Le cadre bâti du site patrimonial connaît des changements à la suite de la promulgation de deux ordonnances portant sur la construction au cours des années 1720. Il en résulte l’apparition d’un nouveau type de bâtiment résidentiel, soit la maison urbaine. Elle devient le premier type d’habitation du site patrimonial proprement urbain. Les matériaux non combustibles sont favorisés pour la construction de la maison urbaine afin d’éviter les conflagrations comme celle de 1682 ou encore celle de 1721 à Montréal. Les habitations doivent maintenant être érigées en maçonnerie de pierres. Le bois, jusqu’alors permis pour des éléments architecturaux, dont les linteaux et les jambages, est interdit. Certains éléments en bois, notamment en ce qui a trait à l’ornementation, seront progressivement réintroduits au cours des siècles. Le cadre bâti du site patrimonial est néanmoins fortement marqué par les ordonnances de 1721 et 1727 puisqu’il est dominé par les bâtiments de pierres et de briques. À l’inverse, le cadre bâti d’autres sites patrimoniaux du Québec, dont celui de Charlesbourg, de Beauport ou de l’Île-d’Orléans, est marqué par la présence d’un grand nombre de maisons en bois.
La maison urbaine atteint des dimensions moyennes de 10,1 m de largeur par 8,8 m de profondeur, et elle est exhaussée d’environ un demi-mètre par rapport au sol. L’augmentation de la superficie de la maison urbaine permet sa division en quatre pièces par étage. En basse-ville, la maison urbaine devient souvent mitoyenne. Les parcelles étant souvent plus grandes en haute-ville, ce qui permet parfois de conserver un passage pour accéder à la cour arrière. Après la guerre de la Conquête, la maison urbaine type compte un étage de plus. Les bâtiments rétablis à partir des fondations et des murs existants à la suite des destructions du siège de Québec sont surhaussés d’un étage. La maison urbaine postérieure à 1760 conserve donc la même implantation que celle de la période précédente, mais son volume est plus élevé. Les bâtiments conservent également les principales caractéristiques architecturales développées au cours de la première moitié du XVIIIe siècle.
Les principales caractéristiques de la maison urbaine postérieure à 1720 sont :
La Conquête ne constitue pas une rupture nette dans les pratiques architecturales au Québec. En effet, la construction de maisons urbaines de tradition française se poursuit jusqu’au tournant du XIXe siècle.
Le site patrimonial comporte encore aujourd’hui quelques exemples de maisons urbaines d’un seul étage construites avant la Conquête, notamment la maison Simon-Touchet, le 15, rue Sainte-Famille, le 7, rue Hébert, les 14 et 24, rue Monseigneur-De Laval et le 20-22, rue Hébert. La maison Jean-Maillou, érigée vers 1737, présente un modèle de maison urbaine construite à l’époque du Régime français puis surhaussé d’un étage après la Conquête en 1767. En basse-ville, plusieurs maisons urbaines ont été démolies à la suite du siège de Québec en 1759. La maison Paradis, reconstruite en 1761, et la maison Joseph-Canac-dit-Marquis, reconstruite en 1768, sont deux exemples de maisons urbaines rétablies à partir des vestiges de bâtiments endommagés lors de la Conquête.
La maison mitoyenne
Au début du XIXe siècle, la croissance démographique de Québec entraîne une certaine densification du cadre bâti du site patrimonial. De nouveaux îlots constitués de parcelles plus petites que celles de la maison coloniale et de la maison urbaine se développent. Un nouveau type de bâtiment résidentiel fait alors son apparition, soit la maison mitoyenne. Elle se démarque des types de bâtiment résidentiel antérieurs par sa hauteur moyenne plus importante et son plan plus étroit et profond. Le traitement architectural de la maison mitoyenne reprend plusieurs éléments de la maison urbaine de tradition française. Néanmoins, l’influence de l’architecture anglaise se perçoit de plus en plus dans la maison mitoyenne. Cette influence se traduit, notamment, par l’ajout de détails architecturaux classiques et par une maçonnerie de pierre plus régulière. Dans certains cas, la régularité de la maçonnerie est obtenue par l’ajout d’un crépi ligné au fer pour imiter la pierre de taille.
Un premier type de maison mitoyenne à deux étages fait son apparition dès 1810. Ce type se retrouve particulièrement au nord-est du site patrimonial et dans le secteur sud-ouest du site patrimonial. Le 6-6A, rue Sainte-Ursule, la maison Jean-Villers ainsi que la maison John-Grout en constituent de bons exemples.
À partir de 1820, le premier type de maison mitoyenne se transforme. La maison mitoyenne gagne en hauteur et atteint trois étages, comme le 15-17, rue Hébert. Par ailleurs, elle se retrouve au sein d’ensembles composés de plusieurs unités juxtaposées, d’où l’appellation de maison mitoyenne dite multipliée. Ces ensembles se caractérisent, notamment, par le rythme régulier des ouvertures en façade et par l’uniformité des matériaux utilisés pour l’enveloppe des unités. Le 5-7-9, rue Sainte-Famille en est un bel exemple. Le 11-13, rue Haldimand, construite en 1850, correspond au type de maison mitoyenne multiplié. Dans les décennies suivantes, un accès à la cour est ajouté à certains ensembles de maisons mitoyennes multipliées. La maison Crémazie, érigée en 1830 et 1831, fait partie d’un ensemble de six unités, dont la dernière possède son accès à la cour.
Au cours des années 1830 et 1840, la maison mitoyenne dite jumelée fait son apparition dans certains secteurs du site patrimonial. La maison mitoyenne dite multipliée forme un ensemble par la juxtaposition d’unités semblables. Au contraire, la maison mitoyenne dite jumelée forme un ensemble par la fusion d’unités concourant à une composition d’ensemble, ce qui donne l’impression qu’il s’agit d’un seul bâtiment. Certains ensembles présentent, à titre d’exemple, un traitement architectural distinct au rez-de-chaussée par rapport aux étages supérieurs, ce qui accentue l’horizontalité du bâtiment et contribue à l’unification des unités d’habitation. Les 10-12, avenue Saint-Denis et 20-22, rue Mont-Carmel sont des exemples de ce type de bâtiment résidentiel.
Les caractéristiques communes aux différents types de maison mitoyenne sont :
La maison en terrasse
Au milieu du XIXe siècle, un nouveau type de bâtiment résidentiel est introduit dans le site patrimonial. Originaire d’Europe, la maison en terrasse – ou « terrace house » en anglais – se compose d’une série d’habitations unifamiliales à distribution verticale. Elle se caractérise par le souci de la composition d’un ensemble homogène formant un tout. Cette impression d’unité donne notamment un caractère monumental aux maisons en terrasse. Elles sont implantées sur des parcelles inoccupées du tissu urbain jusqu’à cette époque. Ce type de bâtiment résidentiel est propre à la seconde moitié du XIXe siècle.
Les principales caractéristiques de la maison en terrasse sont :
Le site patrimonial comporte quelques exemples de maisons en terrasse, dont les 77-83, rue d’Auteuil construites en 1845 et les 17-25, rue des Remparts construites en 1847.
L’habitation plurifamiliale à logements superposés
Ce type de bâtiment résidentiel apparaît au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Il traduit architecturalement une pratique existante, soit la cohabitation dans un même immeuble. Ce nouveau type propose la superposition de logements sur plusieurs étages, passant alors d’une distribution verticale de l’habitation dans les types précédents à une distribution horizontale. Les logements sont toujours traversants, c’est-à-dire qu’ils possèdent un accès à la rue et un accès à la cour. Bien que ce type d’immeuble résidentiel caractérise davantage les faubourgs entourant la ville fortifiée, on en retrouve également des exemples dans le site patrimonial.
Ce nouveau type d’habitation occupe les parcelles vacantes ou remplace un bâtiment existant. Il peut aussi résulter de la transformation d’un bâtiment existant. Le volume de l’habitation plurifamiliale varie énormément puisqu’il s’adapte à celui des constructions existantes du milieu d’insertion et au lot disponible, étant plus ou moins profond. L’exhaussement du corps de logis par rapport au sol s’accentue. L’utilisation de la maçonnerie en brique se répand alors, ce qui permet, notamment, l’introduction des fenêtres en arc. L’habitation plurifamiliale est aussi associée au renouveau de l’utilisation du toit mansardé. Les accès, dans la plupart des cas privés, sont souvent regroupés en façade principale. Quelques habitations plurifamiliales persistent dans le site patrimonial, dont les 26-28, avenue Saint-Denis construites vers 1870 et les 33-35, rue Sainte-Angèle construites en 1881.
L’immeuble à logements
L’immeuble à logements s’inscrit dans un courant de densification et de diversification des types de bâtiment résidentiel qui caractérise le début du XXe siècle. Il s’agit d’un type de bâtiment construit à des fins locatives. Comme l’habitation plurifamiliale, l’immeuble à logements remplace des bâtiments existants ou s’implante sur des lots vacants, parfois dans les cours des constructions situées sur des parcelles de coin. Par conséquent, il est souvent mitoyen. L’immeuble à logements profite de la généralisation de l’utilisation du toit plat au tournant du XXe siècle. Il est constitué d’un minimum de trois étages au-dessus du rez-de-chaussée, chacun de ceux-ci comprenant un ou deux logements. L’accès aux logements se fait par une entrée commune. La forme et la distribution des ouvertures se répètent d’un étage à l’autre, traduisant ainsi la distribution intérieure identique.
Le 6, rue Dauphine est un exemple d’immeuble à logements construit à l’emplacement d’une ancienne cour, tandis que le 22, rue Couillard, connu comme la maison Ernest-Gagnon, remplace vraisemblablement une résidence de deux étages construite en 1865.
Bâtiments secondaires et annexes
Au bâti de base, s’ajoutent des bâtiments secondaires et des annexes. Parmi les bâtiments secondaires, nous retrouvons notamment des écuries, dont celle de la maison Antoine-Vanfelson ou encore l’écurie Thomas-Fargues. Ces bâtiments sont liés à l’histoire de la résidence principale et aux modes de vie anciens ayant cours dans le Vieux-Québec. La résidence s’agrandit souvent, notamment vers l’arrière, par des annexes. Ceux-ci permettent la densification du cadre bâti afin de répondre aux besoins croissants de la population. Bâtiments secondaires et annexes contribuent à la valeur d’architecture du site patrimonial.
Les bâtiments institutionnels
Les grandes institutions qui particularisent le site patrimonial sont largement redevables à l’oeuvre des communautés religieuses arrivées au Régime français, comme les Ursulines, les Augustines, les Jésuites, les Récollets et la Société des prêtres du Séminaire de Québec. Elles ont contribué à développer différentes écoles, des institutions de santé ainsi que des refuges. Les communautés religieuses se sont fait concéder de vastes parcelles, qui subsistent encore partiellement. En effet, certaines parties des propriétés d’origine ont été loties au cours des XVIIIe et XIXe siècles pour accueillir des bâtiments résidentiels alors que d’autres propriétés ont changé de vocation en raison du départ de leurs occupants comme les Jésuites et les Récollets. Plusieurs de ces grandes propriétés religieuses sont maintenant enclavées dans le tissu urbain du site patrimonial, et elles ont une présence publique discrète. Aménagés dès le XVIIe siècle, les ensembles institutionnels, tels que le Séminaire de Québec, le Monastère-des-Augustines-de-l’Hôtel-Dieu-de-Québec et le monastère des Ursulines-de-Québec, n’ont cessé d’évoluer depuis. Ils témoignent de plusieurs siècles d’architecture québécoise par leurs différents agrandissements, ajouts d’ailes et reconstructions au fil du temps.
De façon générale, les bâtiments institutionnels possèdent de grandes dimensions et une élévation pouvant atteindre huit étages. Ils sont généralement implantés en retrait de la voie publique. Le volume et l’implantation distinguent clairement les bâtiments institutionnels du bâti de base du site patrimonial. Le langage et le traitement architectural des bâtiments institutionnels s’apparentent à ceux des bâtiments résidentiels de la même époque. Les principales caractéristiques des bâtiments ou ailes des ensembles du Régime français sont notamment leur plan rectangulaire, leur parement en maçonnerie de pierres – parfois recouverte d’enduit ou de crépi –, leur toit à deux versants percé de lucarnes ainsi que leurs chambranles en pierre de taille. L’aménagement du Séminaire de Québec, du Monastère-des-Augustines-de-l’Hôtel-Dieu-de-Québec et du monastère des Ursulines-de-Québec se poursuit au cours des XIXe et XXe siècles. Leur langage et leur traitement empruntent alors à l’architecture palladienne et néoclassique propre au Régime britannique. Les bâtiments ou ailes de cette époque se distinguent notamment par les parements réguliers constitués, notamment, en maçonnerie de pierres de taille ou de briques; par leur ordonnancement classique dû à la sobriété des compositions et la distribution symétrique des ouvertures. De plus, les bâtiments et les ailes de cette époque comportent souvent des fenêtres à carreaux à battants ou à guillotine de même qu’une entrée principale soulignée par un porche ou un portail. L’ornementation classique est variée avec ses frontons, ses arcs en plein cintre au-dessus des ouvertures, ses colonnes, ses piliers, ses pilastres et ses retours de corniche.
Au cours des XIXe et XXe siècles, de nouveaux bâtiments et ensembles institutionnels sont érigés. Il s’agit de l’ensemble conventuel des Soeurs de la Charité de Québec dont l’aménagement débute au milieu du XIXe siècle, du palais épiscopal de l’Évêché de Québec construit en 1844 et 1845 , de l’édifice de la High School of Quebec construit vers 1865 et de l’édifice des Pères missionnaires du Sacré-Coeur datant de 1910. Le XIXe siècle est aussi témoin de la diversification des influences architecturales des bâtiments institutionnels avec l’introduction des styles néogothique, néo-renaissance, Second Empire et de l’éclectisme. Le cadre bâti s’éloigne de l’architecture classique du Régime anglais. L’édifice de la National School, qui est le premier bâtiment de style néogothique du site patrimonial, est construit en 1822 puis modifié en 1842.
Les bâtiments religieux
Le site patrimonial compte près d’une quinzaine d’églises et de chapelles construites au cours des quatre derniers siècles, incluant les lieux de culte des ensembles conventuels comme la chapelle extérieure du Séminaire de Québec (1888-1890) et la chapelle des Soeurs de la Charité de Québec (1914). Quelques presbytères sont aussi érigés à proximité de certains lieux de culte, tels que le presbytère de Notre-Dame-des-Victoires (1963) et l’édifice de l’ancien presbytère de l’église St-Andrew’s construit en 1836.
Les plus anciens lieux de culte du site patrimonial sont situés dans des secteurs importants. L’église Notre-Dames-des-Victoires construite initialement en 1688 est localisée à la place Royale alors que la basilique-cathédrale de Notre-Dame-de-Québec (1647-après 1650; 1923-1930) est située à proximité du séminaire, de l’hôtel de ville et de l’ancienne place du Marché. Ces deux églises sont presque complètement détruites en 1759, à l’exception de certains murs extérieurs. La basilique-cathédrale de Notre-Dame-de-Québec est à nouveau détruite par les flammes en 1922. Reconstruites, rénovées, agrandies et restaurées au cours des XVIIIe, XIXe et XXe siècles, ces deux églises présentent donc plus de 300 ans de pratique architecturale.
En continuité avec l’architecture religieuse d’inspiration française par leur volume et leur composition architecturale, certains lieux de culte, dont la chapelle des Augustines-de-l’Hôtel-Dieu-de-Québec construite au début du XIXe siècle, témoignent également de l’influence l’architecture néoclassique. Cette influence s’exprime notamment par l’ornementation de leur façade comprenant des portails et des oculus. Le premier lieu de culte néoclassique érigé au Québec, entre 1800 et 1804, est la cathédrale Holy Trinity Church, située à proximité de la place d’Armes. Elle se distingue, entre autres, par son architecture sévère, son volume, ses ouvertures symétriques et régulières ainsi que ses ornements comme ses arcades, ses pilastres et ses frontons. Cette église aura une influence considérable sur l’architecture religieuse québécoise au cours du XIXe siècle. L’ancien presbytère de Saint-Patrick, érigé par la congrégation des catholiques anglophones en 1854, est l’un des beaux exemples de l’architecture néoclassique tardive à Québec.
Plusieurs lieux de culte sont aussi construits au cours de la seconde moitié du XIXe siècle ainsi qu’au XXe siècle. De nouveaux courants marquent l’architecture religieuse, et le Vieux-Québec se pare de nouveaux clochers. L’ancienne église wesleyenne de 1848 et l’église Chalmers-Wesley United Church (1852-1853) s’inscrivent dans le courant de l’architecture néogothique par leur aspect élancé et vertical, leurs ouvertures à arc brisé, ainsi que leurs contreforts, pinacles, rosaces et vitraux. La chapelle du Monastère-des-Ursulines-de-Québec est, quant à elle, un exemple de l’architecture néo-romane caractérisée par ses murs extérieurs en maçonnerie de pierres à bossage, par ses ouvertures cintrées et peu nombreuses, ainsi que par sa façade percée d’une rosace flanquée de pinacles.
Aujourd’hui, certains de ces bâtiments religieux ont perdu leur fonction cultuelle et ont parfois été recyclés. C’est notamment le cas de l’ancienne église Saint-Patrick érigée en 1832, incendiée au début des années 1970, dont la façade a été utilisée lors de la construction du pavillon du Centre de recherche de l’Hôtel-Dieu de Québec.
Les bâtiments publics
Au cours du XIXe siècle, la ville de Québec vit une grande période de prospérité économique, notamment dû à la concentration du commerce de gros, des services gouvernementaux et à la présence de l’armée. La majorité des édifices publics du site patrimonial datent de cette période. En haute-ville, les plus anciens bâtiments publics s’inscrivent dans le courant de l’architecture classique britannique, dont le palladianisme et le néoclassicisme. L’ancienne prison construite de 1808 à 1811 – aujourd’hui l’édifice du Morrin College – est une illustration de l’influence du style palladien à Québec avec sa maçonnerie de pierres crépie, ses trois et quatre étages, son avant-corps central surmonté d’un fronton triangulaire, ses deux ailes latérales et sa grande sévérité. À partir des années 1850, de nouveaux courants marquent l’architecture des bâtiments publics du site patrimonial. L’édifice du Bureau-de-poste érigé en 1871 et 1872 puis modifié s’inspire de l’architecture Beaux-Arts avec sa maçonnerie de pierres de taille, ses trois étages surmontés d’un toit plat (originalement mansardé), de même que sa façade comprenant un fronton, des colonnes et un dôme. L’ancien palais de justice (1883-1887) porte pour sa part l’empreinte de l’architecture Second Empire. Il se caractérise par ses deux ailes terminées par des tours d’angle et son avant-corps central muni d’un portique à trois arcades. L’avant-corps est disposé en angle à la rencontre des deux ailes, et il est doté d’une horloge et d’un toit en pavillon à crête faîtière. Construit en 1895 et 1896 sur le terrain de l’ancien collège des Jésuites démoli en 1877 et 1878, l’hôtel de ville de Québec présente un amalgame de formes tirées de différents styles architecturaux, dont le néo-roman des édifices publics américains et la symétrie héritée de la tradition classique française.
Peu de bâtiments publics sont érigés à la basse-ville au cours des XIXe et XXe siècles. Parmi ceux-ci se démarque d’abord l’ancien édifice des douanes construit en 1831 et 1832 et s’inscrivant dans le courant de l’architecture classique anglaise. Il y a ensuite la caserne Dalhousie d’esprit Beaux-Arts avec ses formes massives, régulières et imposantes, ses matériaux prestigieux, dont la pierre de taille rustiquée, ainsi que ses éléments décoratifs tels que les écussons et les pilastres.
Les bâtiments d’affaires
Le secteur de la basse-ville se démarque pour ses bâtiments d’affaires, dont des banques et des institutions financières situées sur la rue Saint-Pierre, de même que par ses nombreux commerces notamment localisés sur les rues Saint-Paul et du Sault-au-Matelot. À la fin du XIXe siècle, la rue Saint-Pierre compte huit banques, une vingtaine de bureaux de courtiers d’assurances, une dizaine de maisons de courtiers en valeurs, en plus de plusieurs bureaux d’avocats et de notaires. Les grandes entreprises s’établissent dans d’imposants immeubles qu’elles occupent partiellement, habituellement le rez-de-chaussée et le deuxième étage. Elles louent les autres étages à des avocats, des notaires, des architectes, des courtiers et à une variété de petites entreprises.
Les bâtiments d’affaires, habituellement de deux à huit étages, se distinguent par leur l’architecture soignée qui témoignent de leur fonction prestigieuse. Ils s’inscrivent dans différents courants architecturaux, dont l’architecture Beaux-Arts, et se démarquent par la richesse de leur ornementation. Les édifices de la Banque-canadienne-de-commerce de 1914, de la caisse d’économie Notre-Dame de Québec (1871-1872) ainsi que de la Banque-de-Montréal (1906) sont de bons exemples. La haute-ville compte aussi quelques bâtiments d’affaires, dont l’édifice de la Banque-de-Montréal (1910) situé sur la rue Saint-Jean.
Le site patrimonial compte également des édifices partiellement commerciaux dont l’architecture est plus modeste que celle des banques et des institutions financières. Ceux-ci se caractérisent par leur élévation de deux à quatre étages, leurs grandes fenêtres encadrées de pilastres au rez-de-chaussée et leur entablement imposant servant de démarcation entre le rez-de-chaussée commercial et la partie habitation située aux étages supérieurs. Ils bordent notamment les rues Saint-Paul et du Sault-au-Matelot en basse-ville, ainsi que la rue Saint-Jean, la côte de la Fabrique et la rue De Buade en haute-ville. De plus, au XXe siècle, des immeubles de font leur apparition dans le site patrimonial. C’est notamment le cas de l’édifice Price construit en 1929 et 1930. Haut de 18 étages, le bâtiment est un exemple d’architecture Art déco avec ses lignes épurées qui accentuent la verticalité du bâtiment, avec son ornementation stylisée ainsi qu’avec son revêtement lisse de pierres de taille. L’édifice Bell-Canada (1948) est un autre exemple d’architecture Art déco.
Les bâtiments industriels
De nos jours, il subsiste peu de bâtiments témoignant des fonctions industrielles du Vieux-Québec. Cette fonction est davantage représentée par la présence de sites archéologiques. Néanmoins, quelques bâtiments industriels existent toujours. Parmi ceux-ci mentionnons la fonderie de l’arsenal, la fabrique d’obus (tenaille des Nouvelles-Casernes) ainsi que la brasserie Boswell.
Les bâtiments touristiques et culturels
Au XIXe siècle, Québec commence à se démarque comme destination touristique. Ainsi, de nouvelles infrastructures s’ajoutent au bâti spécialisé, principalement à la haute-ville. Quelques hôtels ouvrent alors, dont l’hôtel Union bâti de 1805 à 1812 et le Clarendon House (1858). L’exemple le plus éloquent de ce type de bâtiment est sans aucun doute le château Frontenac érigé en 1892 et 1893 et agrandi à plusieurs reprises au cours du XXe siècle. Ce bâtiment hôtelier situé sur la pointe du cap Diamant se caractérise notamment par sa silhouette asymétrique, ses tourelles, ses poivrières et ses lucarnes perçant ses hautes toitures inspirées des châteaux européens. De ce fait, le château Frontenac s’inscrit dans le courant du style dit « château ». Son architecte d’origine, Bruce Price, construit également la gare Windsor à Montréal en puisant aux mêmes références formelles. Le château Frontenac est l’un des plus importants points de repère du site patrimonial. En basse-ville, l’édifice de l’ancien Hôtel-Château-Champlain aussi marqué par ce style architectural est construit de 1925 à 1927.
Le tourisme et la densification de la ville favorisent la construction de bâtiments dédiés aux loisirs et à la culture. Le site patrimonial compte notamment des salles de théâtre et de cinéma. Le Théâtre Capitole érigé en 1902 et 1903, avec son ornementation riche et son volume imposant de style Second Empire, ainsi que le palais Montcalm (1932), aux formes épurées de style Art déco, en sont de bons exemples. Le site patrimonial compte également des institutions muséales. Certaines d’entre elles occupent d’anciens bâtiments convertis alors que d’autres érigent des immeubles spécifiquement pour leurs besoins. C’est le cas des Musées de la civilisation qui mettent en chantier un musée moderne sur la rue Dalhousie en basse-ville au début des années 1980.
Les bâtiments portuaires
En basse-ville, le bâti spécialisé se comprend également des bâtiments portuaires comme le quartier des officiers de la réserve navale et le terminal des passagers pour la traverse. Ces bâtiments rappellent l’importance de la fonction portuaire du site patrimonial au cours de son histoire. La rue Dalhousie comprend plusieurs anciens entrepôts ou commerces, tels que l’ancien entrepôt Vallerand construit en 1822, ainsi que la maison Thibaudeau. Ce dernier présente une inspiration Néo-Renaissance, et il sert d’entrepôt jusqu’aux années 1960.
Les bâtiments militaires
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les fortifications de la ville forment un ensemble défensif urbain adapté à la topographie. Elles encadrent un bâti militaire intra-muros comprenant des places, des esplanades, des artères militaires, des secteurs de casernement, d’entreposage de munitions et des pièces d’artillerie. Le site patrimonial comporte encore aujourd’hui plusieurs témoins de son passé militaire, dont les fortifications, la citadelle, les Nouvelles-Casernes et la redoute Dauphine.
Les fortifications du site patrimonial forment un ensemble défensif classique de type bastionné, et elles encerclent la haute-ville sur une distance de 4,6 km. Elles en font, selon la désignation de l’UNESCO, « un exemple exceptionnel de ville coloniale fortifiée, de loin le plus complet au nord du Mexique ». En plus de ses murs de maçonnerie de pierres, les fortifications sont constituées de bastions, dont le bastion Saint-Louis, le bastion des Ursulines et le bastion Saint-Jean qui longent la limite ouest du site patrimonial. Le tracé des fortifications suit essentiellement celui établi par Chaussegros de Léry en 1745 après la capitulation de Louisbourg. Ainsi plusieurs sections des fortifications témoignent encore de l’emplacement de l’enceinte française érigée avant la Conquête.
Au lendemain de la Guerre d’Indépendance américaine et de la signature du traité de Versailles en 1783, le commandant des Ingénieurs royaux du Canada, Gother Mann (1747-1830), propose un nouveau plan de défense de Québec. Il recommande notamment d’améliorer plusieurs sections des fortifications existantes, et de fermer la ville au nord et à l’est par un mur de maçonnerie. À partir de 1786, les Britanniques réparent l’enceinte française et construisent le mur de maçonnerie au sommet de l’escarpement, le long de la rue des Remparts. Ils érigent également de nouveaux bastions et batteries, dont la batterie et le bastion des Soeurs, vis-à-vis le jardin des Augustines, ainsi que la Grande-Batterie, aujourd’hui intégrée au parc Montmorency.
Au cours des XIXe et XXe siècles, quelques sections des fortifications sont démolies, rabaissées, agrandies, restaurées ou reconstruites. Par exemple, le mur situé dans le parc du Cavalier-du-Moulin, où un ancien moulin à vent avait été intégré à une muraille de pierres en 1693, a notamment été restauré avec de la pierre de Cap-Rouge au milieu des années 1840. Les fortifications donnant sur la rue des Remparts sont, pour leur part, abaissées au tournant du XXe siècle alors qu’elles perdent leur rôle défensif. Les fortifications comptent aujourd’hui quatre portes, soit la porte Saint-Jean, la porte Saint-Louis, la porte Kent et la porte Prescott. Ces trois dernières sont démolies au début des années 1870 lors du départ des troupes britanniques, de même que les portes du Palais et Hope qui ne sont jamais reconstruites. Après plusieurs démarches pour la conservation des fortifications effectuées par le gouverneur général Dufferin à cette même époque, la porte Saint-Louis est finalement reconstruite, puis la porte Kent est érigée, en 1878. La porte Saint-Jean est démolie en 1898 et est reconstruite en 1939. Ces nouvelles portes en arcades, surmontées de tours et de tourelles de style néogothique juxtaposent les bastions et les contre-gardes de la fortification classique. La porte Prescott est à son tour reconstruite en 1983 afin d’aménager une passerelle au-dessus de la côte de la Montagne, pour relier le parc Montmorency et l’escalier Frontenac qui mène à la terrasse Dufferin.
Après l’invasion américaine de 1775 et 1776, une citadelle temporaire en bois est construite sur le cap Diamant. L’emplacement avait été partiellement utilisé à des fins militaires par les Français. À la suite de la guerre de 1812 (1812-1815) qui rend le contexte politico-miltaire plus tendu, le gouvernement adopte une autre recommandation de Mann et entreprend la construction d’une citadelle permanente. Elle est érigée sur le même site entre 1820 et 1831. La citadelle intègre des portions de la fortification existante. Elle est complétée en 1850 par la finalisation des bâtiments internes, dont les casernes pour les soldats et les officiers, les entrepôts, les poudrières et les citernes. Les bâtiments sont implantés autour d’un champ de parade central. Cette installation militaire occupe une surface de 2,3 km2, et forme un polygone irrégulier à quatre faces. Chaque angle de la citadelle est constitué d’un bastion ou d’un demi-bastion.
La citadelle de Québec comprend plus d’une vingtaine de bâtiments érigés par les Britanniques, à l’exception de deux d’entre eux qui datent du Régime français. Il s’agit de la redoute du Cap-Diamant, située dans le bastion du Roy, et de la poudrière, localisée dans le bastion du Prince de Galles, respectivement construits en 1693 et en 1750. La citadelle est aussi particularisée par la porte Dalhousie, unique porte authentique du Vieux-Québec n’ayant pas été reconstruite pour la circulation automobile. Elle compte aussi la casemate Est, à l’entrée de la citadelle, où se trouve le Musée Royal 22e Régiment, puis la résidence du gouverneur général du Canada, établie en 1872.
Les fortifications et la citadelle sont construites en maçonnerie de grès provenant principalement de Cap-Rouge, de Neuville et de L’Ange-Gardien. La roche du cap de Québec est utilisée comme matériau de remplissage à l’intérieur des murs.
L’emplacement du lieu historique national du Canada du Parc-de-l’Artillerie possède dès le XVIIe siècle une grande importance stratégique puisqu’il domine le plateau de Québec à l’ouest ainsi que l’embouchure de la rivière Saint-Charles où des navires pouvaient accoster. La redoute Dauphine y est mise en chantier dès 1712. La signature du traité d’Utrecht met toutefois fin aux travaux en 1713. Sa construction est finalement achevée en 1748 selon les plans de Chaussegros de Léry. Le bâtiment sert alors de casernement pour les soldats des Compagnies franches de la Marine, puis, à partir des années 1760, il est utilisé comme mess et appartements les officiers anglais de différents régiments de la garnison jusqu’à son départ en 1871. Au cours des années, les militaires britanniques ajoutent quelques bâtiments à proximité, dont le logis des officiers (1785), l’entrepôt d’affût de canon (1815) et le corps de garde du Parc-de-l’Artillerie.
En 1712, le gouvernement français procède à la construction d’une seconde redoute à l’emplacement actuel de l’édifice du Morrin College. Quelques années après sa construction, la redoute Royale est utilisée comme prison. En très mauvais état vers la fin du XVIIIe siècle, elle est remplacée pour une nouvelle construction au début du siècle suivant16. Sur le bâtiment actuel, il est possible d’apercevoir, à quelques endroits, la maçonnerie de l’éperon de la redoute Royale.
Les Nouvelles-Casernes
Classé immeuble patrimonial depuis 2012, le bâtiment des Nouvelles-Casernes est situé sur le coteau de la Potasse, le long des fortifications. Les Nouvelles-Casernes sont érigées selon les plans de l’ingénieur du roi Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry de 1749 à 1752. Le bâtiment, intégré au système de fortification de la ville, est un exemple unique de l’architecture militaire française du milieu du XVIIIe siècle. À cette époque, les autorités coloniales autorisent l’aménagement d’un secteur de casernement à proximité de la redoute Dauphine afin de combler les besoins en logement des soldats et de promouvoir la discipline des troupes.
Le bâtiment en pierre comprend sept sections, et il présente un plan en parallélogramme allongé. Les différentes sections sont séparées par des murs coupe-feu, elles ont des élévations de deux étages à deux étages et demi. Elles sont coiffées de toits à deux versants droits ou plats. Certaines sections ont été reconstruites au cours du XIXe siècle et au début du XXe siècle.
Située à proximité de la place Royale et de la place de Paris, la batterie Royale est un témoin du bâti militaire de la basse-ville. Une première batterie est aménagée en 1683, ce qui marque une évolution dans le système défensif de la basse-ville. En 1691, le gouverneur Louis de Buade de Frontenac obtient les fonds pour reconstruire cette batterie en forme de bastion.
En 1763, ne servant plus à des fins militaires, la batterie est transformée en débarcadère. Au XIXe siècle, avec l’expansion du port et de la basse-ville, la batterie Royale disparaît peu à peu sous les constructions et les remblayages successifs. Mis au jour lors de fouilles archéologiques, elle est reconstituée en 1977.
Les monuments commémoratifs et les oeuvres d’art
Le site patrimonial comprend plus d’une cinquantaine de monuments et d’oeuvres d’art (fig. 22). Quelques-uns sont situés sur les terrains des propriétés religieuses et institutionnelles, tandis que la plupart sont localisés dans les parcs et les places publiques. La majorité de ces monuments et de ces oeuvres d’arts est érigée à la haute-ville.
Parmi les monuments et les oeuvres d’art associés aux communautés religieuses, il y a le monument de Marie de l’Incarnation datant de 1942. Cette oeuvre représente la fondatrice du couvent des Ursulines de Québec, mère Marie de l’Incarnation, née Marie Guyart, entre deux écolières, l’une canadienne, l’autre autochtone. Le site patrimonial compte également une oeuvre intitulée Hommage reconnaissant à nos mères fondatrices de l’Hôtel-Dieu de Québec (1989), qui rappelle le 350e anniversaire de l’arrivée des trois premières Augustines en Nouvelle-France, le 1er août 1639.
Les monuments et les oeuvres d’art sont dispersés dans le Vieux-Québec, bien qu’il existe des secteurs en réunissant plusieurs. Ces secteurs sont habituellement situés à proximité ou au sein d’une place publique ou d’un parc. Les alentours de la place de l’Hôtel-de-Ville en compte une dizaine, dont le monument du Cardinal Elzéar-Alexandre Taschereau de 1923. Cette oeuvre rappelle la mémoire du premier cardinal canadien. Le secteur accueille également le monument de Joseph Légaré (2001) – qui commémore le premier peintre paysagiste canadien – ainsi que la sculpture nommée Bienvenue (1994) – qui présente un fou du roi en bronze exécutant une ample révérence. Le secteur compte enfin la Porte Sainte installée en 2013 à la basilique-cathédrale de Notre-Dame-de-Québec et ornée de bas-reliefs représentant le Christ et la Vierge Marie. Le secteur de la place d’Armes et de la terrasse Dufferin comprend des monuments commémoratifs de première importance, tels que le monument de la Foi (1916), un monument-fontaine de style néogothique qui souligne les 300 ans de l’établissement de la foi chrétienne au Canada avec l’arrivée des missionnaires récollets en 1615. Le secteur s’enorgueillit également du monument de Samuel de Champlain de 1898, qui commémore l’explorateur et fondateur de la ville. Un haut-relief personnifiant la ville de Québec, le génie de la Navigation et la Renommée orne la base du monument. Le parc Montmorency est caractérisé par deux monuments commémoratifs, soit le monument de Louis Hébert (1918) et le monument de Sir George-Étienne Cartier (1919). Le monument de François De Laval de 1908, honorant le premier évêque de la Nouvelle-France et fondateur du Séminaire de Québec, domine le parvis de l’édifice du Bureau-de-Poste, le long de la côte de la Montagne.
À l’ouest du Vieux-Québec, le secteur du parc de l’Esplanade et de la place de l’Assemblée-Nationale comportent huit monuments commémoratifs situés dans les limites du site patrimonial. On y retrouve notamment le monument d’Émile Nelligan (2004), le monument des héros de la guerre des Boers (1905), le monument des Conférences de Québec (1998) ainsi que le monument de François-Xavier Garneau de 1912. Aux alentours de la citadelle de Québec, trois monuments sont érigés, soit les bustes de Wenceslas Bilodeau (2013) et de Joseph Helmer Jolicoeur (2013), ainsi que le monument de Pierre Du Gua De Monts (2007). Ce dernier monument souligne le rôle central que le lieutenant général du roi Henri IV et cofondateur de Québec, Pierre Du Gua De Monts, a joué dans l’histoire de la Nouvelle-France.
La basse-ville compte un peu plus d’une dizaine de monuments et d’oeuvres d’art essentiellement localisés dans le secteur plus ancien, soit dans les environs de la place Royale. À la place Royale, le buste de Louis-XIV de 1948, roi de France de 1643 à 1715, est une réplique d’une sculpture conservée au château de Versailles. Il remplace celui qui avait été installé au même emplacement en 1686, puis retiré en 1700. Au cours des dernières décennies, plusieurs monuments et oeuvres d’art sont ajoutés, dont le monument La Vivrière (1995) situé à la place FAO. Il évoque notamment une figure de proue et représente un personnage tenant dans ses bras des aliments issus des quatre coins du monde. Le parc Notre-Dame-de-la-Garde comporte un monument et une oeuvre d’art, soit le monument d’Étienne-Paschal Taché (2014), ainsi que l’oeuvre Do Ré Mi FA Sol, formée par huit chevaux en acier semblant galoper le long du fleuve et du boulevard Champlain.
Le cadre bâti en bref |
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Le site patrimonial est caractérisé par un cadre bâti plus homogène que celui de d’autres sites patrimoniaux déclarés, comme celui de Montréal, du Mont-Royal ou encore de Trois-Rivières. En effet, il est composé d’une vaste majorité de bâtiments résidentiels. À ce bâti résidentiel s’ajoutent un bâti spécialisé diversifié, implanté sur des parcelles de plus grandes dimensions, principalement localisé en haute-ville. |
Le bâti résidentiel se décline en plusieurs types d’habitations propres à différentes époques : la maison coloniale; la maison urbaine; la maison mitoyenne; la maison en terrasse; l’habitation plurifamiliales à logements superposés; l’immeuble à logements. |
Le bâti spécialisé est, pour sa part, caractérisé par les bâtiments religieux et institutionnels, tels que le monastère des Ursulines-de-Québec, le monastère des Augustines-de-l’Hôtel-Dieu-de-Québec, le séminaire de Québec et plusieurs églises situées à travers la ville, dont la basilique-cathédrale de Notre-Dame-de-Québec et la cathédrale Holy Trinity. |
Le site patrimonial compte plusieurs édifices publics et d’affaires, tels que l’hôtel de ville, l’ancien palais de justice, l’édifice du Bureau-de-Poste, plusieurs banques, dont l’édifice de la Banque-canadienne-de-commerce et ainsi que l’édifice de la Banque-de-Montréal. Il comprend aussi quelques bâtiments touristiques et portuaires, tels que le château Frontenac et les anciens entrepôts de la basse-ville. |
La haute-ville est aussi particularisée par un bâti militaire témoignant de différentes époques, dont la citadelle, les fortifications et ses portes, la redoute Dauphine et les Nouvelles-Casernes. |
Le site patrimonial comprend enfin plus d’une cinquantaine de monuments et d’oeuvres d’art, tels que le monument de Samuel de Champlain, le monument de la Foi, le monument de François de Laval, le monument aux héros de la guerre des Boers, le buste de Louis-XIV ainsi que le monument La Vivrière à la place FAO. |
La redoute est remplacée par une prison en 1808. Celle-ci est transformée en institution d'enseignement, le Morrin College, affilié à l'Université McGill, dans les années 1860.