4.1.1 Le cadre naturel | Questionnaire CPCQ

4.1.1 Le cadre naturel

Le cadre naturel réunit les éléments et les phénomènes physiques qui composent le territoire. Il est notamment constitué de caractéristiques topographiques, géologiques, hydrographiques et végétales qui définissent le territoire.

Le cadre naturel contribue à la valeur patrimoniale du site patrimonial du Vieux-Québec et doit faire l’objet d’une attention particulière au même titre que ses autres composantes, soit le réseau viaire, le système parcellaire, le cadre bâti, les unités de paysage, les qualités visuelles et le patrimoine archéologique. Historiquement, les caractéristiques du cadre naturel ont une influence importante sur l’établissement humain sur un territoire d’abord, puis sur les activités qui ont marqué le site patrimonial au cours des siècles.

Les caractéristiques du cadre naturel sont principalement en lien avec les valeurs paysagère et urbanistique du site patrimonial. Elles sont également à mettre en relation avec certains aspects des valeurs historique, emblématique et identitaire.

Les particularités du site patrimonial

La dernière glaciation, connue sous l’appellation de glaciation du Wisconsin, s’est étendue sur le territoire québécois d’environ 100 000 à 10 000 ans avant notre ère. Le passage du glacier a modelé ce territoire en abrasant le sol pour lui donner un relief arrondi pratiquement symétrique dont la crête est ponctuée, sur son long, de quelques sommets et de faibles dépressions. Le retrait du glacier a engendré la pénétration des eaux salées de l’océan Atlantique au coeur du territoire jusqu’au lac Champlain, créant ainsi une étendue de plus de 50 000 kilomètres carrés, appelée la mer de Champlain. Avec le réchauffement climatique, les premières îles apparaissent, dont le promontoire de Québec, il y a environ 9 000 ans. Au cours des 5 000 années suivantes, la vallée du Saint-Laurent prend sa forme actuelle avec son fleuve qui fait son lit à travers les basses terres. Vers 800 ans AA, le Québec possède les caractéristiques topographiques sous lesquelles les premiers explorateurs européens le découvrent au XVIe siècle.

La topographie

La topographie de la région de Québec est particularisée par le croisement de trois limites géographiques, soit le Bouclier canadien, les basses terres du Saint-Laurent et les Appalaches (fig. 18). Le site patrimonial est caractérisé par la formation des Appalaches qui ponctue principalement les régions au sud du fleuve Saint-Laurent, à l’exception des rives du Vieux-Québec, de Sillery, de Cap-Rouge, de même que le sud de l’île d’Orléans. À la limite nord du site patrimonial, le front des Appalaches, délimité par la Ligne de Logan12, joint les basses terres du Saint-Laurent qui forment une zone étroite avant la rencontre du Bouclier canadien.

La présence de ces formations géographiques et des nombreux mouvements du sol, dont la poussée des Appalaches sur les basses terres du Saint-Laurent a inévitablement influencé la topographie unique du site patrimonial. Sa silhouette est marquée par l’assemblage de trois unités de relief, soit la colline, aussi nommée promontoire de Québec, la terrasse fluviale (ou bande riveraine) et la plaine formée par les anciennes rives de la rivière Saint-Charles. Le promontoire surplombe la terrasse fluviale qui y est adossée. Cette dernière est notamment formée d’une pointe, où Champlain a fondé Québec. Enfin, au nord et à l’ouest du promontoire se trouve la plaine qui rejoint la terrasse fluviale en basse-ville.

Cette topographie offre une forteresse naturelle en raison notamment de l’escarpement du Cap Diamant qui atteint une hauteur maximale de 101 mètres d’altitude. L’escarpement du côté de la rivière Saint-Charles est moins haut, mais il n’en demeure pas moins important historiquement. L’escarpement est l’une des principales caractéristiques de la topographie, et il conditionne le développement historique du site patrimonial. La terrasse fluviale, dont sa configuration actuelle est le résultat d’une série de travaux de remblais et d’empiètement sur le fleuve, s’élève à six mètres d’altitude. Des terrasses intermédiaires, mesurant de 15 à 45 mètres d’altitude, caractérisent les versants nord et nord-est du promontoire. La topographie du Vieux-Québec a induit un système viaire et parcellaire particulier qui, au fil des siècles, a eu des répercussions dans l’organisation de la ville, tant dans l’aménagement urbain que sur le plan socio-économique.

La géologie

Les sols du site patrimonial, caractérisés essentiellement par la formation des Appalaches, sont composés de plusieurs types de roches, dont le calcaire, souvent appelé pierre noire du Cap ou pierre noire de Québec, du grès verdâtre et du schiste. Ces deux dernières pierres appartiennent à la formation de Saint-Nicolas du groupe de Sillery. Au XVIIe siècle, le calcaire extrait du promontoire de Québec est une pierre fortement utilisée dans la construction de bâtiments, dont la maison Michel-Cureux érigée en 1729. Malgré sa fragilité, sa grande accessibilité a favorisé son utilisation. Le fort Saint-Louis, l’Hôtel-Dieu et le couvent des Ursulines, de même que la basilique-cathédrale de Notre-Dame-de-Québec sont d’autres exemples d’édifices où ce matériau a été utilisé. Le grès a, quant à lui, été employé dès le XIXe siècle pour la construction de résidences prestigieuses, d’édifices institutionnels et de murs des fortifications.

Le site patrimonial est constitué de plusieurs témoins de sa composition géologique. L’escarpement du promontoire de Québec présente des parois rocheuses, parfois boisées, qui marquent le paysage du Vieux-Québec (fig. 18). Quelques autres parois ou affleurements rocheux sont également révélés dans certains emplacements isolés le long de quelques parcours ou dans certains espaces libres tels que dans la Côte-de-la-Montagne ou dans le parc du Bastion-de-la-Reine. De plus, à l’extrémité ouest de la rue des Carrières, au pied de l’escalier de la Terrasse, un affleurement de calcaire argileux témoigne d’une ancienne carrière où était exploitée la pierre noire du Cap. La paroi derrière le parc Félix-Leclerc est également le site d’une ancienne carrière, à une époque où la rive du fleuve atteint le bas du promontoire.

L’hydrographie

Le fleuve Saint-Laurent et la rivière Saint-Charles, situés à l’extérieur du site patrimonial, jouent un rôle majeur dans le choix et le développement du secteur du Vieux-Québec (fig. 19). À la hauteur du site patrimonial, la profondeur importante du fleuve et celle de l’estuaire de la rivière permettent notamment aux grands navires de jeter l’ancre sans difficulté à proximité des anses. Les trois façades du promontoire de Québec sont entourées de ces deux cours d’eau.

Les anciennes rives du fleuve qui configurent la terrasse fluviale avant les agrandissements de celle-ci ont inévitablement influencé la formation de la trame urbaine de la basse-ville. Il est à noter que sur la rue Saint-Antoine, la ligne des anciennes rives aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles a été intégrée au pavé permettant de voir l’ampleur des différents empiètements sur le fleuve. Dans le secteur plus au nord de la basse-ville, les berges de la rivière Saint-Charles ont aussi marqué le développement du territoire, notamment avec l’aménagement de plusieurs quais et accès à la rivière dès les débuts de la colonie à partir des premiers sentiers de la ville.

Jusqu’au XIXe siècle, un petit ruisseau sans nom dessert le secteur du Vieux-Québec. Celui-ci prend sa source au sud de la rue Saint-Louis, puis serpente le promontoire, se jette en bas de la falaise près de la côte du Colonel-Dambourgès. Le tracé du ruisseau est habituellement présenté sur les cartes anciennes. Aujourd’hui, ce ruisseau, canalisé lors des aménagements de la ville au XIXe siècle, est complètement disparu. Plusieurs rues témoignent du tracé de celui-ci, dont la rue des Jardins, la rue Donnacona et la côte de la Fabrique.

Le site patrimonial comptait anciennement des sources, dont certaines seraient encore actives. Par ailleurs, les grandes propriétés institutionnelles et certaines résidences possédaient des puits pour assurer leur approvisionnement en eau. De nos jours, il subsiste quelque uns de ces puits ainsi que des aménagements associés comme la citerne du monastère des Augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec.

La végétation

Lors de l’arrivée des premiers explorateurs français, la flore est riche et diversifiée, principalement composé de feuillus tels que des hêtres, des érables, des bouleaux, des chênes, des peupliers et de frênes, de même que de conifères, dont des pins et des thuyas. Bien qu’aujourd’hui ces forêts aient disparu dans le site patrimonial du Vieux-Québec, plusieurs espaces libres, dont les places publiques et les parcs, sont caractérisés par un couvert végétal constitué d’arbres de différents genres et espèces et des aménagements paysagers. Dispersés à travers un cadre bâti omniprésent, ces espaces verts témoignent de la présence ancienne d’une végétation autrefois plus abondante.

En raison de sa déclivité importante, l’escarpement et son sommet ont parfois conservé leur caractère fortement boisé, notamment pour la partie sud longeant le boulevard Champlain (fig. 19). La présence d’arbres en bordure de rues ou dans des cours résidentielles adossées au promontoire témoigne également du caractère boisé de l’escarpement. Ce couvert végétal est notamment perceptible dans le parc Félix-Leclerc donnant sur la rue du Petit-Champlain ainsi que sur une portion de la côte de la Canoterie. Aux abords des fortifications, l’escarpement est historiquement déboisé afin de permettre la défense de la ville.

Le couvert végétal du site patrimonial est caractérisé par certains arbres d’une taille impressionnante, signe de leur ancienneté. De plus, quelques arbres sont des spécimens plus rares, principalement situés au parc du Cavalier-du-Moulin, au petit parc du premier cimetière de Québec, au parc Montmorency ainsi que dans la cour du Séminaire et sur le site de la cathédrale Holy Trinity. Le parc du Cavalier-du-Moulin est notamment particularisé par des spécimens d’orme d’Amérique d’une grande valeur, un peuplier deltoïde et un catalpa. Ce parc ainsi que le site de la cathédrale Holy Trinity comptent trois spécimens de chêne à gros fruits rarement répertoriés dans la région. Au parc Montmorency, il est possible d’observer quatre spécimens de marronniers à fleurs jaunes qui contribuent également à la valeur paysagère du site patrimonial. De plus, le couvert végétal de ce parc est aussi particularisé par deux spécimens de micocoulier occidental, considérés comme vulnérables. Enfin, dans la cour du Séminaire de Québec se trouve un marronnier d’Inde.

Le couvert végétal du site patrimonial se retrouve principalement dans le secteur de la haute-ville. La terrasse fluviale, dont une grande partie est le résultat d’empiètement sur le fleuve, possède toutefois quelques alignements d’arbres qui bordent certains lots ou espaces de stationnement. Caractérisée par plus d’une dizaine de places publiques et de parcs, la haute-ville présente, quant à elle, plusieurs espaces verts. Le glacis de la citadelle avec son grand terrain gazonné comprenant quelques arbres poussés spontanément témoigne notamment du caractère naturel du promontoire. Les abords des ouvrages militaires ne sont pas, historiquement, conçus pour être plantés d’arbres afin de ne pas nuire aux manoeuvres. Les cours arrière du monastère des Ursulines-de-Québec et du monastère des Augustines-de-l’Hôtel-Dieu-de-Québec, aménagées de pelouses et de quelques regroupements d’arbres matures, sont des exemples de la présence du couvert végétal qui ont persisté à travers le temps, puisque celles-ci possèdent des jardins jusqu’au début du XXe siècle.

Bien que la végétation sous une caractéristique du site patrimonial, elle doit faire l’objet d’un entretien, notamment par élagage, afin d’éviter de compromettre des percées visuelles et des panoramas ou encore des ressources culturelles importantes. Il importe de trouver un point d’équilibre entre les différentes caractéristiques du site patrimonial.

Le cadre naturel en bref

La silhouette du site patrimonial est marquée par une topographie unique qui se caractérise par un assemblage de trois unités de relief, soit le promontoire de Québec, l’escarpement et la terrasse fluviale et la plaine au niveau de l’eau.

Adossé à la terrasse fluviale, l’escarpement du Cap Diamant forme une forteresse naturelle, parfois fortement boisé, atteignant plus de 100 mètres en altitude. Du côté de la rivière, l’escarpement de poursuit et sépare la basse et la haute-ville.

Les sols du site patrimonial, caractérisés par la formation des Appalaches, sont composés de plusieurs types de roches, dont le calcaire, souvent appelé pierre noire du Cap ou pierre noire de Québec, du grès verdâtre et du schiste.

Quelques parois et affleurements rocheux témoignent de la présence d’anciennes carrières dans les limites du site patrimonial.

En plus de son escarpement parfois boisé, le site patrimonial est caractérisé par une végétation composée d’arbres, de terrains gazonnés et de quelques aménagements paysagers situés principalement dans les espaces libres.

PC-fig18 Figure 18
PC-fig19 Figure 19
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La Ligne de Logan est composée d’un réseau de failles. Elle est aussi connue sous le nom de Faille Logan.